J’AI RENDEZ-VOUS AVEC THANATOS

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Un rendez-vous peu banal pour quelques barricades contestées par un obscur débile, mais c’est certainement mieux que le coma d’une dictature. Ici, les Wagnériens connaissent la musique, mais rien à l’humanité. Il neige et les bruits d’obus qui tombent sont assourdis par le tapis blanc. Il fait froid, et je me demande quand repassera le printemps et son ombre fredonnant qui embaume la fleur de pommier ? Quand reviendront les belles journées bleues et chaudes que j’ai connues ? Il se pourrait qu’une ombre me prenne la main et me guide dans son pays des ténèbres et éteigne mon haleine pour finalement me fermer les yeux. J’ai froid et j’ai des trous noirs dans les ailes, mais la vision d’un peuple encore et toujours martyrisé par la seule décision d’un homme, me redonne du courage pour continuer.

Oui, j’ai un rendez-vous sur quelques buildings meurtris et écorchés par les missiles qu’Alexandre Soljenitsyne appelait « L’univers de cette cellule de condamnés à mort ». Je me souviens, pour m’endormir quelques minutes, de ces oreillers de soie et duvets parfumés où l’amour palpite dans le plus délicieux sommeil pouls contre pouls et souffle contre souffle et où le réveil apaisé me donne rendez-vous avec la petite mort. Il est minuit, la ville est calme avant la tempête.

Ici, les armes arrivent de toute l’Europe, et la plupart du temps, personne ne connaît leur fonctionnement. C’est là où je prends conscience, même si c’est déjà loin, que mon année de service militaire ainsi que les périodes durant toutes ces années ont servi à quelque chose. Je donne une aide conséquente, et cela vient enrayer les premiers commentaires concernant les Français et Gérard Depardieu, le copain de Poutin. Beaucoup de jeunes Français, qui n’ont jamais touché à un fusil, et quand je donne mon âge, il me demande ce que je fais ici. Je réponds inlassablement : pour la liberté, pensez-vous vraiment que Poutin s’arrêtera à la frontière de l’Ukraine ? Cela met un point final à la discussion, l’instruction reprend alors, avec encore plus d’ardeur.

Anonymode de Kiev

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