FRED HAYMAN ET RODÉO

FHCM

Derrière l’extraordinaire succès de Giorgio Beverly Hills se trouve un créateur révolutionnaire, Fred Hayman. Depuis son enfance à Zurich et à Paris, il gravira tous les échelons de l’un des plus grands hôtels du monde, le Waldorf-Astoria. Puis, en servant les célébrités, les mondains et les créateurs de mode, dans ce phare moderne qu’est le Beverly Hilton, et à l’instar du coiffeur, le plus célèbre d’Hollywood « Charles of the Ritz », il devient une marque.

Intuitif, visionnaire, amoureux des femmes, il révolutionne la parfumerie sélective en 1981 grâce au jus de Giorgio Beverly Hills, et en reprenant sur les emballages les marquises rayées jaune et blanche de son magasin. Aucun parfum n’a été dans le monde de la parfumerie aussi mauvais, mais aussi vendu en même temps. L’homme était charismatique et il parlait un excellent français, avec une légère pointe d’accent allemand que seul un Français, ayant l’oreille musicale, aurait pu déceler

Il a transformé une rue principale, ordinaire et endormie en un célèbre « village »: Rodeo Drive. Il en fit la principale attraction commerciale de la jet-set internationale. 273 Rodeo Drive, synonyme de célébrité, de richesse et de style, était l’adresse de sa boutique, adresse qui fit également l’objet d’un parfum, « le 273 » après avoir vendu Giorgio à un groupe pour une somme complètement hallucinante.

C’est un exploit inconcevable en 1981 pour quiconque en dehors des centres culturels et stylistiques de New York et de Paris. Ainsi, des décennies plus tard, personne ne sourcille devant la démocratisation de la mode, la marchandisation d’un style de vie. À l’époque, certains pensaient que ce n’était pas encore tout à fait au point, d’autres qu’il s’agissait d’un projet naïf, mais beaucoup d’autres encore y ont vu un signe d’avant-garde.

Les auvents ensoleillés à rayures ont peut-être disparu du boulevard, mais l’impact de Fred Hayman se poursuit sur Rodeo Drive, dont il reste l’architecte marketing. (PS: merci de m’avoir reçu en son temps grâce à mon père et de m’avoir confié ce flacon. Il faut l’avouer : personne ne croyait dans le fait qu’une petite boutique de L.A. ferait autant de quantité). J’ai été remercié au centuple par un faire valoir qui s’est attribué mon travail comme souvent en France. Un petit moment de gloire, de petites lâchetés ordinaires qu’on ne compte plus, car le vertige du nombre finit pas nous laisser insensible. Mais, pour ce « Valet » les pires ordures s’avèrent parfois de bonne décomposition.

FM

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