DGENA LA VEUVE NOIRE AUX MILLE RIVIÈRES

FHCM

L’exercice de la vie m’a appris à regarder la personne humaine sous l’angle du ciel le plus bleu, et ce jour, j’entrouvre la porte d’une nouvelle créatrice qui a déjà à son actif trois collections. Dieu, dans sa grande mansuétude, a placé dans ses mains le blason de Lada, doux comme le miel de cerisier. Lada, déesse associée à la beauté et à la fertilité, a aussi un homologue masculin, Lado. C’est un nom dérivé du mot russe qui signifie harmonie, union et paix ; un signe peut-être !

Ce matin, le jour indolore se traîne, et je m’achemine vers le Faubourg du Temple, pour mesurer la dichotomie entre la ville de Kiev que j’ai quitté il y a seulement 25 heures, et les cris des aficionados lorsque Nabilla apparait. Dgena, quant à elle, dessine sa couture dans le voile de la clairvoyance et du  paradoxe de cette profession. Dehors parmi les fumigènes et le talent en plus, alors que les autres sont bien engoncés dans un temple qui n’a plus que le nom, j’aperçois une silhouette qui s’avance en éclaireur et saute la barrière des soucis de la jeunesse, le jour est beau, et pourtant une veuve noire apparait de seulement 20 an.

Les jeunes filles, qui bien alignées comme des oiseaux à qui on aurait confié la grâce dans toute sa splendeur, marchent vers moi. J’admire les mains qui emplissent le tissu et les doigts habiles qui façonnent chaque collection, en transformant d’anciens rouleaux, en fleur incontestable de sublime. C’était hier devant le show Valentino, la beauté a fait son lit majestueux. La créatrice, toute seule étrangement, commence à bâtir sa renommée parmi les femmes de la couture, en marge et à l’écart de l’autre côté du rideau du sanctuaire, pour mieux saisir le spiritus (traduisez le souffle divin) qui l’emportera vers le succès.

Anonymode.

Photographe : Lucas Duval @la.chauverie

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