UN POÈME DE VIE

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J’ai retrouvé des lettres enrubannées d’un petit bolduc de soie rose dans un placard tombé dans l’oubli de la vie. C’était les nombreuses lettres d’amour d’une époque qui, je le sais, ne reviendra jamais. Je prends la première lettre au-dessus de ce petit colis comme pour me remémorer ce monde d’antan. La lettre commençait par ces mots: « Hier, j’étais, comme dans un rêve, incapable d’entendre les foules qui rodent autour de moi, et c’est une montagne de mots qui se bousculent sur ma feuille, et qui reflètent la sensualité que tu dégages , et me fait entrevoir la splendeur aveuglante de ce moment irréel. J’ai pensé, à cet instant, comment un moment peut-il être si chimérique et si réel à la fois.

Il y a trop d’esprit entre nous, trop de littérature, et j’aime entre nous cette douceur étrange qui se transforme toujours à la fois en intelligence. Vous êtes un curieux mélange d’une femme avec la conscience sensuelle des choses qui enivrent une vie. Ton rire était capable de blesser, et pourtant il était riche, doux et moelleux. Je croyais être amoureux de ton esprit. Pourtant, je ne souhaite cet amour qui pourrait signifier le chaos, parce qu’il fait vaciller l’esprit comme les lampions sous le vent de la Côte d’Opale. Je rêve encore de ce baiser dévorant que j’essaye de rendre aussi réel que possible à cette heure tardive de la nuit.

Adieu Mademoiselle ,et Bonjours Bimbo, adieu ce monde d’émotions intenses qui faisaient que la vie était plus vive que jamais. Adieu Mam’selle, à qui j’ai conté fleurette, et bonjour Bimbo qui, après le restaurant, puant l’ail d’un hamburger, choisi par ses soins, me dit en montant dans ma voiture de sa voix rauque envahie par la nicotine absorbée durant la journée en s’aspergeant d’un parfum de mauvaise qualité donnant dans l’habitacle l’impression d’être au milieu d’un camion d’ordures de la ville de Paris. (Alors, tu démarres ton char me dit- elle, que l’on mette ta biroute dans mon tabernacle). Oui définitivement, adieu doux rêve de romantisme !

Anonymode

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