BOB OR NOT BOB

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Il fut un temps où le bob, ce chapeau mou aux allures de crêpe bretonne, ne servait qu’à protéger les vacanciers des coups de soleil. Mais cela, c’était avant que le luxe ne décide que le vrai chic, désormais, se cache là où ça sent la frite et la trottinette électrique.

En entrant dans l’ère du street-luxe, il y a parfois des moments de grâce où un bob en nylon devient un objet culte dès lors qu’il est griffé « Balenciaga » ou « Louis Vuitton #Cap Ferret ». L’accessoire est d’autant plus désirable qu’il a tout de l’anti-glamour, car c’est simple, c’est moche, donc c’est mode.

Longtemps propriété exclusive des rappeurs, ces grands « pêcheurs » devant l’éternel, le bob fait aujourd’hui son come-back dans les salons feutrés des boutiques du luxe. On l’a vu récemment sur les podiums milanais, porté par des mannequins à l’air constipé. Chez Gucci, il se pare de strass, chez Dior, il est en cuir d’autruche et d’avocat, et enfin, chez Chanel, il est de couleur « vert de gris » de la « Wehrmacht time heure. »

Même quand Philippe Katerine, cet excentrique flâneur et roi du non-sens, coiffé de son couvre-chef fétiche, erre dans les rues de Créteil, incognito, mais digne, comme un pape laïque pop en pèlerinage. Cependant, au fond, pourquoi le luxe s’entiche-t-il de cet objet si peu aristocratique ? Le bob serait-il un camouflage social, et permettrait-il aux milliardaires de s’encanailler dans l’anonymat.

À la dernière Fashion Week, l’acteur Jeremy Strong, pourtant réputé pour son sérieux quasi biblique, a osé le bob en velours jade sur le tapis rouge des Golden Globes assorti à son costume Loro Piana. Un message fort ou une prière textile ; peut être une déclaration d’humilité à 14 000 euros la tenue quand même ! Finalement, l’élégance est la seule beauté qui ne se fane jamais.

FM