CHEVAL BLANC CASSÉ

FHCM

« Le Tout Paris », brasserie chic, résolument contemporaine, un brin mondaine et absolument bobo, face à la plus belle vue sur la Seine que vous ne voyez pas ! Dire qu’il était attendu est un euphémisme. L’ouverture du « Tout Paris » au sommet du Cheval Blanc et de la mythique Samaritaine aurait presque pu passer pour une chimère après toutes ces années. Bref, après avoir passé le service de sécurité imposant de l’entrée, nous montons dans l’ascenseur d’images virtuelles de la vue sur Paris, pour arriver sur le desk du restaurant, montrer patte blanche, et je suis attiré immédiatement sur un détail : le clavier du Ipad de la réceptionniste est aussi sale et crasseux que le manteau de Diogène de Sinope ! Cela commence mal.

Après avoir réservé une table, il y a un mois et quinze jours, j’aurai pensé être au moins à une table qui méritait notre attente, mais non, nous nous retrouvons planqué derrière un pilier. Il est vrai que nous avions forcé le trait : endimanché comme des bourgeois de province tourangeaux pour passer inaperçu, entourés de mecs en jeans « Replay » à 500 boules « comme ils disent », et de femmes habillées en Isabelle Marrant et Maria Grazia réunies qui faisaient penser à un cocktail de vieux vêtements Tati crasseux eux aussi d’ailleurs. Seul nous regardait, « enfin la jeune femme qui m’accompagnait ! » un Italien de la classe de Gary Grant qui s’était reconnu en nous comme le couple qui faisait partie de sa condition, et fit un compliment bien senti sur la broche de la bimbo qui m’accompagnait et que j’avais habillé en bourgeoise Milanaise pour la circonstance.

Concernant la nourriture, rien à dire, une mécanique bien huilée mais à l’huile d’olive, coquilles Saint-Jacques parfaitement cuites, Madeleine de Proust redéfinie, probablement pour nous faire croire qu’ils sont poètes, pains maison et beurre au sel de Guérande comme il se doit. Paris-Brest avec noix de pécan, pour une addition plus astronomique que gastronomique, car si nous nous étions lâchés avec une bouteille de vin, nous en aurions eu pour 500 euros à deux. Bref, pour nous, cela ne sera que 275 euros qui viendront grossir la fortune personnelle de l’empereur de la toile cirée ; les petits ruisseaux faisant les grandes rivières.

Véritablement rien à reprocher, comme à un moteur six cylindres Porsche ou un bloc dix Ferrari, mais ce qu’il manque à ce véhicule de la restauration c’est ce petit supplément d’âme que l’on attend en conduisant ces bolides Allemands ou Italiens. Des employés trop bien formés, comme des mécaniques implacables mais incapables de création ou de désir, sortis hors du cadre que l’on a imposé, et c’est bien dommage. Mon conseil, fuyez car vous serez déçus et le montant de l’addition vous fera regretter amèrement d’être venus dans un Café Coste pas vraiment amélioré.

Anonymode

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