McQUEEN LE CHANT DU RETOUR

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Il y a un an à peine, un souffle nouveau s’élevait sur la maison McQueen un jeune homme venu du Connemara, Seán McGirr, héritait d’un trône qu’on disait impossible à reconquérir. À peine avait-il franchi le seuil du temple que déjà, les voix du monde s’élevaient sévères, oublieuses des lenteurs du génie. On jugeait le fruit avant qu’il ne mûrît, on réclamait l’éclat d’un astre disparu, sans songer que la lumière met du temps à renaître après un trou noir.

Mais, le temps fait toujours son travail, et ce patient sculpteur a veillé sur lui. À l’automne dernier, une aurore s’est levée sur la maison endormie. Dans ses étoffes, on croyait voir passer l’ombre tutélaire de Lee Alexander McQueen ce Prométhée de la mode qui vola le feu de la beauté pour le donner aux hommes. Les mythes anciens se mêlaient à la coupe des vêtements, et dans chaque drapé vibrait l’écho du passé transfiguré.

Aujourd’hui, le miracle s’accomplit, sous les voûtes de lumière d’un soir de septembre, le défilé s’est élevé comme un chant. Les visages émus, les mains jointes dans un même élan, ont salué ce triomphe une standing ovation comme un hymne à la renaissance. Car dans ces créations flamboyantes, entre démesure et harmonie, vit encore l’esprit du maître disparu. J’aime les brandebourgs, j’aime la féminité, j’aime la création ; et tous ses précieux ingrédients semblaient réunis en un seul souffle, comme un rêve suspendu entre l’azur et la lumière.

Seán McGirr, tel un poète enfin maître de sa lyre, a trouvé sa voix, celle d’un héritier devenu créateur, celle d’un homme qui, face au vertige de la légende, ose encore rêver.

FM