LA PANTHÉRE DANS LES JARDINS DU TEMPS

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La Panthère de Cartier, ce fauve apprivoisé par l’or, aurait pu disparaître dans les replis silencieux du temps lorsque, en 1996, on crut bon de l’abandonner aux ténèbres des tiroirs. Mais le destin, qui parfois se plaît à faire revivre à la lumière les formes oubliées, en 2017 les maîtres de la rue de la Paix la rappelèrent à la vie pour guider ce joyau endormi par la volonté d’un « Vigneron » dans les sentiers de la résurrection.

Ce Vigneron, ancien de Vuitton, pareil à ces vents marins auxquels les navigateurs confient leur vie, voyait dans la Panthère un miroir de notre époque : un animal souple, beau, indomptable, revenu pour régner sur les poignets de celles qui n’ont plus à cacher leur puissance.

À son premier réveil, cette nouvelle Panthère avait connu le triomphe immédiat des astres. Plus de six cent mille montres vendues, comme autant d’étoiles répandues dans le ciel. Les raisons de ce succès ? Elles tenaient dans l’âme même de Cartier : les chiffres romains tracés comme la mémoire de Rome, les aiguilles en forme de glaive, prêtes à fendre le destin, la couronne octogonale dressée comme une forteresse sertie d’un cabochon, et ce bracelet-bijou qui rappelait au monde entier que Cartier fut joaillier avant d’être horloger.

Elle portait encore l’écho de la Santos, cette montre née de l’amitié entre Louis Cartier et l’aviateur Santos-Dumont, en 1904, lorsque les hommes tentaient de conquérir le ciel. Ainsi, la Panthère n’est certes pas la vigie du temps qui fuit : elle est un fragment de notre histoire, un éclat de France au poignet des femmes qui veulent affirmer leur empire dans un monde délivré de ses tabous. On n’a point cherché à la métamorphoser, mais uniquement à la réveiller. Trois retouches seulement : un cadran blanchi comme un matin neuf, des maillons resserrés tels les anneaux d’une armure délicate, et la date supprimée, comme pour rappeler que la Panthère n’obéit qu’à l’éternité.

Pour ma part, si Cartier voulait bien, pour le jour de Noël, laisser couler sur moi quelque remise providentielle, je puis assurer que ma femme ferait scintiller, dans toutes les réceptions de l’ambassade de Grande-Bretagne, la flamme nouvelle de sa Panthère.

FM