LA GRANDE MESSE DU VIDE GONFLÉ

Non classé

Chronique d’un festival en apnée « d’Hyères » ! Soleil, subventions, égos et quarante ans déjà que la Villa Noailles se prend pour la Mecque de la créativité, une sorte de sanctuaire où le tissu devient concept et où le bon goût se noie sous des mètres de latex « conceptuels ». Cette année, le mot d’ordre était clair : “The show must go on” autrement dit, peu importe si la maison brûle, tant qu’on peut encore défiler sur les cendres.

Et quel spectacle ! Sous un logo de soleil (probablement l’unique astre autorisé à briller plus fort que certains membres du jury), la mode célébrait sa grand-messe à mi-chemin entre un happening conceptuel et un vide-grenier de l’absurde.

On nous annonce fièrement le grand gagnant : Lucas Emilio Brunner, apôtre helvético-chilien du ballon, et messie de la matière gonflable, diplômé de « La Cambrure de rein » et converti à la liturgie Margiela, pour l’avenir du vêtement avec des nœuds de baudruche sur les trenchs passant des vessies et intestins d’animaux aux polymères qui grincent à chaque pas. Un défilé qui avait  sonné comme une fanfare pour clowns tristes.

Mais, c’est conceptuel, et derrière chaque couinement de matière pétrolifère se cache une réflexion profonde sur « la collision entre l’Ivy League et le ballon ». Car oui, qui n’a jamais rêvé d’une rencontre entre Harvard et la fête d’anniversaire de Tatie Danielle ?

Pendant ce temps, la Villa Noailles, la seule chose qui gonfle, sont les dettes à l’hélium. Au moins cela plane, ça flotte, mais cela s’effondre en silence. On parle de gestion douteuse, de départs fracassants, de nouveaux dirigeants au sourire crispé… mais chut ! L’important, c’est que les influenceurs puissent poster  « #HyèresFestival avec un spritz à la main. »

Pour finir, un joyeux pot-pourri de discours pseudo-sociaux emballés dans du storytelling subventionné. On applaudit, on fait mine de comprendre, et on rentre à Paris en se jurant d’en parler dans Vogue Hommes avec des mots comme “poétique”, “urgent”, “organique” et “déconstructiviste”, et « Fuck me, I am Famous ! »

Mais, au fond, derrière les bulles de champagne et les bulles de latex, tout cela n’est peut-être qu’une immense… bulle. Une bulle de mode, d’air tiède, prête à éclater dès que quelqu’un osera rappeler que la beauté n’a pas toujours besoin d’un concept pour exister. Alors oui, le show “must go on”. Mais, à force de gonfler, Messieurs, prenez garde : il finit toujours par éclater.

FM