ENTERREMENT DE PREMIÈRE CLASSE CHES HERMÈS
La nouvelle est tombée sans frisson ni larme : après trente-sept ans à la tête de la mode masculine d’Hermès, Véronique Nichanian quitte le navire. Officiellement, elle prend sa retraite. Officieusement, c’est la fin d’un monde, celui où un col bien coupé valait encore plus qu’un logo XXL.
À l’âge où d’autres songent à lever le pied et malgré sept décennies de vie avec des portraits flatteurs circulant sur internet (merci Photoshop et lumière de défilé), la créatrice tire sa révérence. Une sortie discrète, à son image, mais qui ressemble étrangement à un enterrement de première classe orchestré par la maison : tout le monde en noir, larmes rentrées, et un dernier carré Hermès posé sur le cercueil du bon goût.
Nichanian croyait encore au pouvoir d’un lin parfaitement lavé, d’une couture invisible, d’un bouton bien choisi, pendant que la planète fashion s’excitait sur les collabs, les drops et les chaussures en caoutchouc fluo, elle persistait à parler de matière, de coupe, de fait main. Autant dire : une langue morte.
Chez Hermès, on parle déjà d’un successeur interne. Probablement un jeune loup de 40 ans rompu aux réseaux sociaux, capable de transformer une cravate en mème viral. Le luxe silencieux, c’est joli sur papier, mais ça ne génère pas de buzz, ni de réel.
Alors oui, rendons-lui les honneurs : Véronique Nichanian aura tenu 37 ans dans un métier qui licencie l’élégance au premier like manquant. Elle s’en va comme elle a vécu : sans drame, sans bruit, avec la dignité d’une femme qui savait que la vraie modernité n’a pas besoin de hashtags. Rideau. Et que quelqu’un, s’il vous plaît, pense à lui dédier une chemise.
FM