GABY ET PHILIPPE ÉLÉGANCE ET INTELLIGENCE EN HÉRITAGE
Elle s’appelait Gabriella Hanoka, mais le monde de la mode la connaîtra sous le nom de Gaby Aghion. Née à Alexandrie, un matin de mars 1921, dans la lumière dorée de l’Égypte cosmopolite, elle portait déjà en elle se mélange de grâce orientale et d’audace française qui allait révolutionner la couture.
En 1952, dans un Paris encore marqué par l’austérité d’après-guerre, Gaby fonde une maison qui deviendra légendaire : Chloé le prénom d’une amie, Chloé Huisman, symbole de jeunesse et de liberté. Elle n’invente pas simplement une marque : elle invente un concept, celui du prêt-à-porter de luxe, une idée visionnaire à une époque où la mode ne jurait que par la haute couture.
Avec six modèles dessinés de sa main, confiés à une couturière de talent, Gaby parcourt les boutiques parisiennes, frappant aux portes avec la détermination tranquille de celles qui savent qu’elles portent en elles une révolution. Bientôt, les élégantes de Saint-Germain et les femmes libres de Montparnasse se reconnaissent dans ses créations : souples, féminines, modernes. Ses relations dans la haute société parisienne font le reste ; le nom de Chloé s’installe doucement dans le firmament de la mode et plupart, elle découvrit Karl Lagerfeld.
Mais, si l’on parle d’elle ce matin, c’est aussi parce que l’héritage de Gaby Aghion ne se limite pas à l’élégance des étoffes. Son fils, Philippe Aghion, professeur au Collège de France, vient de recevoir le prix Nobel d’économie. À celui qui affirme que « le facteur-clé de la puissance économique, c’est le leadership technologique », on pourrait répondre que, dans sa famille, le leadership qu’il soit créatif ou intellectuel semble inscrit dans les gènes.
Ainsi, selon la douce ironie de la loi de Darwin, il est des lignées où l’évolution ne cesse de produire de nouveaux sommets : après la mère qui libéra les femmes par la mode, voici le fils qui éclaire le monde par la pensée.
FM