VALENTINO LE ROUGE ET LE DÉLIRE

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Il est vrai qu’après avoir transformé Gucci en bazar vénitien pour enfants de la lune, Alessandro Michele n’allait pas soudainement se mettre à faire du minimalisme chez Valentino. Mais, fallait-il pour autant repeindre Rome aux couleurs de Saint-Germain-des-Prés après un mauvais trip à San Francisco ?

Dimanche, à l’heure de la sieste, à la Piazza Dati, temple sacré de la couture Italo-parisienne, le sanctuaire néo-hippie sous LSD, Michele a présenté sa grande messe pour Valentino. Le décor ? Une salle sombre avec éclairage au plafond qui a énervé Di Meo assis à côté de Marisa, maquillée comme une voiture volée. Un festival de mode inclusif sponsorisé par une marque de couleur Pantone.

Sur le podium, une procession d’anges baroques vêtus de taffetas froissés, de dentelles et de drapés rappelant vaguement un rideau d’opéra trop repassé. Les mannequins semblaient réciter une prière païenne à la beauté perdue, répétant jusqu’ici tout va bien. C’était du Michele pur jus : un mélange de bourgoise en recherche de sex,, et un vide-grenier chic de Notting Hill.

Les fans qui crie au génie et les investisseurs, eux, ont simplement crié. Le nouveau Valentino, paraît-il, veut « reconnecter l’âme de la maison avec la jeunesse du monde ». Traduction : vendre des chemises type Zara à des Gen Z persuadés que la nostalgie, c’est durable et la fabrication en réalisé en chine. Le tout, évidemment, à des prix qui feraient pâlir une princesse saoudienne.

Valentino rêvait d’une femme divine., Michele, lui, nous offre une prêtresse cosmique qui a oublié de payer son loyer. Si le comte Garavani voyait ça, il demanderait qu’on lui rende son rouge et son silence. Mais, rendons-lui justice : dans ce chaos esthétique, il y a quelque chose de sincère mais surtout des coupes parfaitement ajustées. Michele croit vraiment à son opéra d’orfèvre, c’est juste que, parfois, la poésie coûte un peu cher, notamment quand elle est vendue au mètre.

FM