MARANT L’AMAZONE SOLAIRE
Elle s’avance, voyageuse, éclatante, semblable à une étoile descendue sur la terre des hommes. Le sable enlace ses chevilles comme les flots embrassent le rivage, et le vent, ce messager des espaces infinis, glisse sur ses hanches avec la tendresse d’un dieu invisible. Chaque pas soulève l’horizon, et de sa marche naît une fièvre d’éternel été, flamme que nul crépuscule ne saurait consumer.
Pour cette héroïne du désert, Isabel Marant a tissé des armures embrasées, des chemises diaphanes qui se dissipent comme des mirages au bord de l’infini. Des totems de verre et de métal battent contre sa poitrine, échos des civilisations englouties, amulettes d’une tribu antique ressuscitée pour une nuit. Alors, sous l’incandescence du Palais Royal, Paris s’abolit : la pierre se fit poussière, la cour d’honneur se changea en steppe embrasée, et la ville, vaincue, s’inclina devant l’ardeur du désert.
Les amazones du soir Mathilda, Mona, Loli, Angelina traversèrent l’arène comme des comètes égarées dans l’immensité. Leurs regards reflétaient la nostalgie des sources perdues, leurs corps, enflammés par un soleil intérieur, racontaient l’errance, la soif de liberté et l’enchantement farouche des horizons sans borne. Dans l’ombre des colonnes, elles paraissaient des déesses antiques, ressuscitées pour une brève conquête.
Elles ne défilaient point : elles régnaient. Dans le sable et la nuit, leur pas résonnaient comme celui des cavalières éternelles qui traversent les empires et les siècles. Isabel Marant, en un geste prophétique, fit du vêtement non pas un ornement passager, mais l’écrin ardent où s’accomplit le destin des amazones solaires, gardiennes du désert et amantes de l’infini.
FM