ENTRÉE TRIOMPHALE DE CASTRO CHEZ MUGLER
Miguel Castro Freitas, comme un chevalier surgissant d’une longue marche à travers le royaume de la mode, a éprouvé ses ciseaux chez les plus grands comme Galliano, qui lui apprit le vertige de l’excès, comme Simons, qui lui transmit la rigueur du rien. Il entra dans la maison Mugler avec cette double ascendance, portant en lui les fastes et le vide, comme deux rives d’un même fleuve.
Mais là ne s’arrêtait point son œuvre, il convoqua les fantômes flamboyants des années 1990, lorsque Thierry Mugler, soudain surgissant, éleva son nom aux sommets de la haute couture, tel un dieu nouveau entrant dans l’Olympe. Il nous rappelle ces temps d’oiseaux fabuleux, où la femme devenait phénix ou cygne, au gré des songes du maître d’Argentoratum. Hier, de cette lignée sacrée, Miguel fit éclore ses plus beaux sortilèges avec deux oiseaux de paradis, drapés de plumes émergeant des ateliers de la maison qui veillent encore au-dessus du Moulin Rouge comme un prêtre dans sa chapelle.
Plus audacieux encore furent ses corsets de cuir, incrustés de pierres comme une caverne de Platon drapeau. Les épaules, moulées avec la précision d’un statuaire, s’arrachaient du buste pour proclamer la souveraineté de la femme, et les tatouages, comme des écritures d’encre et de feu, y traçaient les chroniques invisibles de son règne.
Il y eut aussi des instants où un océan de beige, comme un souvenir de ses jours passés sous l’étendard de Max Mara. Mais l’artiste plonge dans la braise d’une transparence, l’éclair d’une lingerie, ou la provocation d’une robe-rideau pendue aux mamelons, perles incarnadines du mannequin. La maison Mugler, désormais entre les mains d’un empire de parfums, cherchait des éclats pour le tapis rouge, pour les regards des foules, pour la gloire immédiate des images. Miguel l’a compris : il a donné du faste, du panache, que réclame notre siècle impatient.
Et pour sceller cette entrée, le destin lui offrit un premier rang digne d’une procession triomphale : Naomi Watts, Eva Herzigová, et Pamela Anderson flamboyante, rougie comme une vestale. Ainsi, sous ces auspices éclatants, Miguel Castro Freitas entrait dans la légende d’un héritier qui sait que, pour honorer les dieux, il faut non seulement les imiter, mais essayer de les dépasser.
FM