RH L’ ÉCLIPSE DU RAFFINEMENT

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Voilà donc qu’on nous sert un nouveau temple du luxe, érigé comme un manifeste de grandeur tapageuse, avec ses sept niveaux qui s’empilent comme les vanités d’un monde rassasié. Une galerie de design, deux espaces culinaires, un studio d’intérieur… on dirait un catalogue de désirs empaquetés dans le marbre et le verre. Paris, encore une fois, convoquée comme décor de carte postale, se retrouve sommée d’accueillir cette hybridation transatlantique, mi-bunker du rêve américain, mi-palais des illusions à la française.

Et déjà, les médias spécialisés agitent leurs encensoirs : « succès », « innovation », « clientèle internationale »… Comme si l’on découvrait la pierre philosophale du commerce haut de gamme. Mais, quelle révélation, sinon la répétition d’une même équation ? De l’argent, de la mise en scène, un soupçon d’art de vivre et l’illusion d’un raffinement sans fin. À regretter que le Seigneur n’ait pas fait cela avec la samaritaine.

Objectif Thune pour « le roi de Tunis » — les éduqués comprendront – « redessiner la perception du luxe ». Quelle outrecuidance ! Le luxe, par essence, se dérobe à qui prétend le redéfinir par la surenchère pour des restaurants à Hamburger. Paris n’avait pas besoin de ce laboratoire clinquant pour savoir ce qu’est le luxe : un souffle de couture, un éclat de cristal, un parfum d’éternité. Ici, on l’emprisonne dans une mécanique de concept, un carrousel de « Lifestyle » calibré pour séduire à la fois les touristes pressés et les amateurs d’ostentation.

Que l’on ne s’y trompe pas, ce luxe contemporain ne cherche plus à sublimer, mais à occuper l’espace, saturer le regard, multiplier les expériences comme on empile des trophées. Un lieu hybride, dites-vous ? Non : une cathédrale du simulacre, où l’exceptionnel se vend à la découpe comme un produit de supermarché « made in marbre poli ».

FM