SORBIER DANS LES BRUMES DE VELOURS ET DE FEU

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Ils avaient quitté les rivages d’Espagne, les cœurs pleins de fièvre et les mains tendues vers l’inconnu. Guidés par la rumeur d’un Eldorado caché derrière les brumes andines, ils marchaient non pour conquérir, mais pour aimer. Au milieu des lances et des cuirasses, un nom s’élevait comme un chant : Franck Sorbier, orfèvre des songes, cartographe d’un royaume invisible, dont les frontières se dessinaient non sur les cartes, mais dans les plis d’une robe, dans le souffle d’un voile.

Ses créations étaient des expéditions. Chaque étoffe, une jungle traversée ; chaque broderie, un sentier d’or perdu. Les velours dévorés devenaient forêts brûlantes, les organzas métalliques drapés à la main, comme des étendards portés par les anges déchus de Cuzco. Guipures séculaires, dentelles festonnées, rubans de satin de soie entrelacés : c’étaient là les trésors plus précieux que ceux des Incas, enfouis non dans la terre, mais dans le regard d’un amant.

Puis, apparait une noble de Lima, la chef du Lac d’Or, drapée de lumière, observait, figé dans sa solitude millénaire, attendant que l’aube effleure enfin son royaume de feu et de silence. L’or coulait comme des promesses sur les épaules nues, c’était une fable sans fin, tissée de fils anciens, de satin lunaire, et d’un soupir retenu.

La musique, douce comme le vent qui serpente les hauts plateaux, rouge grenat, or ancien, nuit émeraude, écrivaient des romances que seuls les cœurs errants pouvaient encore lire. Ainsi naquit, l’espace d’un défilé devenu légende, un royaume d’or et d’amour, où les conquistadors déposèrent enfin les armes, non pour régner, mais pour se perdre dans l’éclat fragile, mais éternel, d’une couture que l’on aime.

FM