BALENCIAGA PARIS 2026
Né sur les rivages ensoleillés de la côte tyrrhénienne, au sud du Tibre aux reflets antiques, Pierpaolo Piccioli semble avoir hérité, dès sa naissance, du dialogue silencieux avec l’histoire. Ce fleuve, que les légendes romaines font naître du sacrifice du roi Tiberinus, englouti dans ses flots, porte en vérité un nom dont l’origine se perd dans le mystère étrusque. Car avant Rome et ses fastes, il y eut le Rumon, ce fleuve premier, qui charriait déjà les songes des peuples disparus. Ainsi Piccioli, comme le Tibre, traverse les âges et les traditions, portant avec lui un héritage que d’autres auraient laissé s’égarer dans les eaux troubles de la modernité.
Durant vingt-cinq années, il fut l’âme silencieuse de la maison Valentino, dont il partagea, de 2008 à 2016, la direction créative avec Maria Grazia Chiuri. Pourtant, dans le clair-obscur de la mode, où les vérités s’habillent souvent de faux-semblants, il était de notoriété discrète que la main la plus sûre des deux créatifs, ainsi que la vision la plus pure, était la sienne. Et donc tel un Cyrano de la couture, il avançait masqué, laissant à d’autres la lumière que lui préférait tamisée.
À rebours des frivolités de la jet-set, cet homme marié, père de trois enfants, rareté presque biblique dans le monde de la haute couture, défend une vision artisanale du luxe, où l’humain précède la marchandise, et où le geste de l’atelier possède la dignité d’un vers de Virgile ou d’un marbre d’Auguste. Fidèle aux valeurs de transmission, de respect des savoir-faire, il a toujours fait de Valentino non un simple écrin de luxe, mais un sanctuaire vivant.
Aujourd’hui, le voici face à un nouveau chapitre, une traversée plus périlleuse encore : reprendre le flambeau laissé par Demna Gvasalia à la tête de la mythique maison Balenciaga. Défi herculéen que de succéder à Cristóbal Balenciaga, ce maître discret que Christian Dior qualifiait de « couturier des couturiers », et dont l’ombre tutélaire plane encore sur les drapés et les volumes.
Ainsi s’écrit la destinée de Pierpaolo Piccioli, entre fleuve et fils, entre mémoire et modernité, entre l’Étrurie et Paris. Une destinée dans laquelle l’artisanat demeure humaniste qui en mars se dévoilera.
FM