UN FIL DORÉ DE RÊVE

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Dans un petit atelier niché derrière les volets verts d’une ruelle parisienne, une jeune couturière nommée Élise, connue de personne, ou presque, cousait à la main des robes qu’elle imaginait pour des femmes qui n’existaient que dans sa tête. `Des impératrices de velours, des aventurières de satin duchesse. Un jour, alors qu’elle fouillait dans une brocante à la recherche de boutons anciens, elle découvrit une bobine de fil doré, très fin, quasiment translucide, enveloppée dans du papier de soie. Une étiquette manuscrite y était attachée : « Ce fil ne coud que les rêves. »

Intriguée, elle l’emporta et le soir même l’utilisa pour broder un ourlet sur une simple robe en lin blanc. Lorsqu’elle l’essaya devant son miroir, la robe prit vie et brillait doucement comme la lune. Celle-ci, en épousant les mouvements de la jeune créatrice, lui conférait la grâce d’un nuage. Elle sortit dans la rue avec, et les passants s’arrêtaient, émus, sans comprendre pourquoi.

Le lendemain, une femme élégante frappa à sa porte. C’était la rédactrice mode d’un grand magazine, qui avait entendu parler de cette robe « qui faisait pleurer les passants ». Puis vinrent les acheteurs, les stars, et chaque robe cousue avec ce fil de rêve révélait quelque chose de caché, un souvenir heureux, une douleur enfouie, un amour oublié.

Mais bientôt, Élise avait épuisé la bobine et un matin, le fil disparut. Elle tenta de le remplacer par un fil de sa boite à couture, mais sans la même magie. Le succès se fana. On l’oublia presque, et pourtant, ceux qui avaient porté ses robes ne l’oublièrent jamais.

Des années plus tard, devenue une vieille et discrète femme, elle reçut un paquet anonyme. À l’intérieur : une nouvelle bobine de fil doré, accompagnée d’un mot : « Les rêves ne s’épuisent pas. Ils se transmettent ».

FM