AVE MARIA RIDEAU DE L’IMPOSTURE

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Le départ de Grazia Maria de chez Dior met un point final à une ère qui, malgré les proclamations enthousiastes, aura surtout brillé par son inconsistance. Propulsée au rang de génie par une critique complaisante, elle aura notamment excellé dans l’art de l’effet sans cause, de la posture sans vision.

Derrière les discours féministes et les collections sur-intellectualisées se cachaient une vacuité que la maison Dior a longtemps tenté de masquer sous les oripeaux du concept. Ce départ, sans fracas, mais non sans soulagement, marque le retour possible d’une vraie exigence esthétique, débarrassée du vernis pseudo-subversif qui tenait lieu de style.

Ironie ultime : celle qui se rêvait avant-gardiste quitte la scène au moment même où Pierpaolo Piccioli, après vingt-cinq ans à incarner avec grâce et profondeur l’âme féminine de Valentino, fait une entrée remarquée chez Balenciaga. Longtemps réduit au rôle discret d’homme de l’ombre de la Grazia Maria, il apparaît enfin à la lumière. Tandis qu’elle s’éclipse dans l’indifférence polie qu’on réserve aux impostures trop durables, lui s’impose comme l’héritier légitime d’une mode exigeante, sensible et incarnée.

Vous ne m’avez jamais enchantée, Madame, mais il est exact que votre mépris des hommes suintait sur chaque collection. Sous couvert de féminisme, vous avez cultivé une forme de rancune froide, déguisée en concept. À force de vouloir déconstruire, vous avez oublié de créer.

FM