REMUE-MÉNINGE DE LUXE

Non classé

Il fut un temps où l’influence rimait avec inspiration. Aujourd’hui, avec les influenceuses, elle rime surtout avec manipulation, scandale et éthique en solde. Car derrière les stories parfaitement filtrées, et les selfies sponsorisés se cachent un univers où la morale semble avoir fait un voyage dans le désert de Gobi depuis longtemps.

Depuis quelques années, le vernis commence à craquer. Une entreprise est pointée du doigt pour avoir promu une marque de lingerie prétendument caritative. L’argent devait aller à la « Ligue contre le cancer » ? Surprise : l’association dément. Plutôt que d’assumer, la patronne se défausse avec l’élégance d’une vendeuse de contrefaçons : « ce n’est pas moi, c’est l’autre ». Comme quoi, quand on vend son image, on oublie de regarder à qui on la donne.

La même année, lorsqu’un ancien candidat de téléréalité ose évoquer des arnaques dans cet écosystème frelaté, une plainte en diffamation est déposée comme on active un filtre beauté pour sauver la face. Pourtant, les témoignages s’accumulent, et ils font mal. Notamment, celui d’un blogueur relayé par Numerama, qui révèle que les jeunes, parfois mineurs, sont les cibles privilégiées de ces influenceurs. L’arnaque devient un business model pour des bêtes en manque de sexe.

En 2020, un nouveau sommet dans l’abîme, alors que des humanoïdes contrefaits s’amusent avec un singe tenu en laisse (le summum du bon goût), on invoque la liberté d’expression pour justifier l’indéfendable. On pensait que le cynisme avait ses limites, pas du côté de chez Shauna, de « Marcel Proute ».

Un monde dans lequel l’apparence compte plus que la substance. L’influence devient alors une opération marketing en vase clos : entre ceux qui achètent leur gloire, et ceux qui feignent d’y croire. Une femme à l’origine qui aujourd’hui vend ses charmes à « Schine », comme quoi l’ignominie se vend bien ! C’est le symbole d’une époque où le mensonge s’affiche en 4K, où l’éthique est reléguée en story éphémère, et où la célébrité se monnaie à coup de placements douteux et de postures hypocrites. Mais, peut-être avons-nous les influenceurs que nous méritons.

FM