LOUANGEUSE EN CHEF POUR MENSONGES DE SERVICE
Il y a des métiers dans lesquels l’on se consume en silence, d’autres où l’on s’use à penser. Mais, il y en a un plus commode et plus doré, qui consiste à prêter sa bouche à autrui, comme d’autres prêtent leurs plumes. Voici donc la porte-parole moderne, pas oratrice, mais ventriloque, elle n’a pas de voix, elle a un écho. Son art n’est pas de convaincre, mais de répéter. On la croit passionnée, elle n’est qu’appliquée.
Tel un miroir docile, Karoline Leavitt ne renvoie jamais que l’image du Prince qu’elle sert. Et quel zèle ! On dirait une courtisane du Grand Siècle, mais sans l’esprit. À Versailles, au moins, on badinait, on intriguait, on ornait les mensonges d’éventails et de madrigaux. Ici, on s’acharne à sculpter la langue de bois, à vernir les contre-vérités, à maquiller les grimaces du pouvoir.
Ne lui demandez pas une idée : elle vous offrira une citation. Ne cherchez pas une conviction : elle n’a que des consignes. La courtisane médiatique ne se nourrit pas d’honneur, mais de conférences de presse. Sa gloire ? Que son maître l’entende, et qu’il l’applaudisse pour avoir si bien travesti son silence en vacarme.
Et lorsque l’Histoire s’écrira, croyez bien qu’elle ne sera pas mentionnée. Car les noms des courtisans tombent avec les rideaux et seules demeurent les ombres de certains souverains.
FM