LES NOMS DU SILENCE

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Ils sont restés les yeux ouverts dans la nuit pleine, ils sont restés avec le vent, les poings sérrés et la cendre sur la bouche, ceux qui n’ont pas de nom, sinon dans les cris, ceux qui n’ont pas d’abri, sinon la pluie. Ils regardent partir les bateaux d’or vers les îles muettes, où la mer obéit, où le sable est propre, et la conscience lavée des armes de destruction massive. Ils n’ont rien, et pourtant ils sont tout, car ils tiennent le monde comme une pierre dans leurs paumes, une douleur que l’on cache.

Ils parlent peu et leur silence est plus vaste que les discours, plus dur que les murs, plus vrai que les serments. Ils vivent au bord du jour, et chaque nuit, ils allument des flammes minuscules dans le froid du mépris, dans l’absence de dieu. Et moi, je les regarde, je les aime, je les nomme pour qu’on ne les oublie pas. Ce sont les frères du feu, les sœurs de la poussière, et c’est pour eux que j’écris encore avec l’espoir. Pour vous tous, qui êtes sous les bombes de quelques humains artificiels.

FM