LA CHINE RACHÈTE PARIS ET NOUS REGARDONS NETFLIX
Les grands humanistes de notre époque, le cœur sur la main et l’autre bien enfoncée dans la poche du contribuable, nous expliquent, avec une solennité de tragédien d’une série B, que la guerre, c’est la paix, et que la misère des uns est l’ascenseur social des autres.
Et pendant ce temps Lutèce, ce bastion de la civilisation, cette sentinelle des arts et des lettres, assiste, depuis quelque temps, à un phénomène singulier et ô combien pittoresque : l’arrivée, par vagues successives, d’une myriade de visiteurs venue de l’Extrême-Orient, et plus précisément de cet Empire céleste que l’on nomme « l’An Pire du Milieu ».
Point de bannières menaçantes, de catapultes grondantes, ni d’assauts furieux contre les fortifications de Vauban, comme lors des antiques sièges de nos belles cités ; non, ces nouveaux conquérants s’avancent en ordre discipliné, armés non point d’épées ou de mousquets, mais d’appareils photographiques rutilants, et d’une inextinguible soif de découvertes avec leur carte bleue.
Le matin, aux abords du Louvre, la cohue est telle que l’on croirait voir les foules rassemblées lors de la fuite à Varennes, chacun courant à la conquête d’un portrait de « La Joconde », désormais plus assiégée que ne le fut jamais la Bastille. Sur les Champs-Élysées, leur progression méthodique évoque les grandes migrations des peuples Goths franchissant les Alpes, quoiqu’ici les boutiques de luxe remplacent avantageusement les oppidums désertés.
À Versailles, c’est une autre prise de pouvoir : les jardins du Roi-Soleil s’emplissent de grappes colorées, admirant avec révérence les fastes d’une royauté dont ils n’eurent jadis connaissance que par la poudre à canon et les récits d’anciens missionnaires jésuites.
Depuis plusieurs années, des investisseurs chinois achètent de nombreux biens immobiliers, commerces, hôtels et vignobles en France. Paris, avec son prestige mondial, attire particulièrement. La Chine agirait « comme une nuée de sauterelles », en investissant discrètement, mais massivement, boutique après boutique, quartier après quartier.
Ce phénomène pourrait affaiblir la souveraineté économique française, en donnant à la Chine une emprise indirecte sur certaines ressources et sur le tissu urbain commercial du pays. Ce type d’inquiétude rejoint plus largement des débats stratégiques sur la dépendance économique (et donc, la perte progressive de contrôle national sur des secteurs clés), l’influence culturelle (modification des paysages commerciaux, changement de clientèle, influence sur l’offre locale), les risques géopolitiques (dépendance à un acteur étranger qui pourrait user de son poids économique comme levier politique).
Pendant que certains envahissent avec des chars, d’autres raflent Paris à coup de cartes bancaires… et franchement, ça fait moins de bruit, mais bien plus de dégâts au portefeuille ! Qu’on se le dise !
FM