JULIE KEGELS LA LIONNE DE FLANDRE
Julie Kegels : la Belge qui plaît à Paris (plus que les Français, visiblement), fraîchement moulue de la Royal Academy of Fine Arts d’Anvers, a lancé sa marque « hyponyme » probablement voulant travailler chez Hermès. Mais, comme par miracle ! La Chambre Haute Couture, souffrant de cécité obscure, semble soudainement avoir ouvert un œil sur une vague belge de Knokke le Zoute, c’est peut-être le Zoute qui les a attirés.
Et, la « Cambre syndical », aux pensées vides d’intuitions, regarde cette créatrice du grand-duché du Luxembourg qui pose un blouson en jeans de chez Levis coupé à la taille, comme un objet conceptuel de mode. Alors là, les portes s’entrouvrent pour une soi-disant révolution, mais surtout une mode simple à la hauteur de leur compréhension.
Expérimentation se rapprochant du néant de la créativité, et en mettant une couverture en Burka, quelle créativité ! Le bluff sur le moi, qui coud comme une conductrice d’engins de chantier, ayant visiblement la haine du sublime, et atteinte de ce nouveau virus chinois, qui provoque une haine sournoise et basse des âmes qui vous poussent au ridicule du geste couture.
Ce qu’il y a de magique avec Julie Kegels, c’est qu’elle coche toutes les bonnes cases du politiquement « Marrant » : étrangère, mais pas trop, avant-gardiste sans être dérangeante, diplômée d’une école qu’on vénère de Paris depuis que les six Belges d’Anvers nous ont appris à porter du noir sans faire de dépression. Autant dire que les instantes dirigeantes l’adorent. C’est simple : on dirait qu’elle a été exhalée d’une manipulation en laboratoire pour plaire à la Chambre stomacal.
Pendant ce temps, les jeunes créateurs français, eux, peuvent continuer à présenter leur book dans les couloirs glacés de la place Beauvau où personne ne les reçoit. Car en France, le plus sûr moyen de ne pas être programmé à la Fashion Week, c’est encore d’être français. Trop local, trop impliqué, trop… risqué. On aime l’exotisme, mais pas le voisin de palier.
Et qui choisit ces perles venues d’ailleurs ? Un comité mené par le fameux Monsieur Très Très Marrant et son pote l’homme de Tolède en partenariat avec la Pavlova, dont le goût pour l’absurde dépasse celui du comique. Ils ont l’œil, paraît-il ! Un œil qui ne regarde jamais vers Marseille ou Lyon, mais qui repère très vite ce qui se passe à Tokyo, Séoul, Anvers ou Berlin et surtout si c’est difficilement prononçable cela fait genre, et cela leur permet de passer des vacances. « Bhoutan » ainsi les français hors de France, des vraies Jeanne d’Arc.
Dans ce contexte, Julie devient l’incarnation d’un certain fantasme parisien : l’idée qu’il faut traverser une frontière pour créer quelque chose de valable. On préfère l’inconnu, même si on ne comprend rien à sa démarche artistique : « c’est de l’art, coco, pas besoin de comprendre, il faut ressentir, et si on continue à ne rien comprendre, les attachées de peste inventent. »
Peut-être que la prochaine fois, un jeune créateur de Provence sachant ni coudre ni dessiner se fera passer pour un Finlandais, et en coupant une veste au kilo shop local, il aura droit à un rendez-vous après avoir réalisé un quatre pattes de la soumission parfaite.
Pour finir, je regarde tous ces jeunes pleins de talent, et en particulier, cette créatrice de talent oubliée de tous, qui habille Yamé, 90 millions de vues sur internet et Tayc, le plus gros rappeur de la scène musicale française, ainsi que Ninho, et dont personne ne parle jamais. Une créatrice française, talentueuse qui suit son petit bonhomme de chemin en dehors des arcanes de ces hauts fonctionnaires de la mode. Étrange, non ? Alors, pourquoi chercher ailleurs ce que nous avons en France ?
FM