GUCCI CONTRE COTY DUEL À LA ROSE FANÉE
Pas de quartier nous dit la Lune de Londres, exterminant ainsi sans pitié, avant de disparaître derrière la clarté, protégeant l’humanité des ténèbres. Car cela se bagarre dans les parfums, pas pour les petits flacons de grand-mère, mais pour les gros coffres-forts qui ne sentent pas toujours la rose, mais la poudre d’or. HFC Prestige International, la filiale suisse de Coty, monte sur ses ergots et traîne en justice Gucci et Kering, là-bas, dans la Perfide Albion. En effet, le 20 octobre dernier, pour une histoire de contrats de licences, mais aussi d’égo parfumé à l’ambre et à la vanille, le parfum et les odeurs nauséabondes du commerce et des beaux sentiments se révèlent version juridique.
Car le 19 octobre, on apprenait que Kering avait fait copain-copain avec L’Oréal, pour cinquante ans d’amour exclusif, parce qu’il le valait bien. Une alliance à durée de vie impériale, un demi-siècle de crèmes, de flacons, de logos et de sourires botoxés. Dès que le bail avec Coty sera fini en 2028, si tout va bien, le parfum Gucci changera de lit.
Mais attention, on jure, on promet, chez Kering, qu’on respecte les contrats ! Qu’on ne trahit personne ! Qu’on est loyal comme un saint en costard ! Mais, dans le luxe, quand on parle de loyauté, ça donne toujours envie de devenir céphalo-abstinent.
Et puis là, boum, mercredi, les résultats du premier trimestre tombent, les chiffres chantent, les analystes reniflent, et voilà qu’une voix demande à Sue Nabi, la patronne de Coty, le général en chef au front poudré, ce qu’elle pense. « Je ne commenterai pas les litiges en cours. On défendra nos droits jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière heure du contrat.” Comme aurait fait Élisabeth Iʳᵉ devant l’armada des Galions Espagnol.
Une vraie guerre et on peut imaginer la scène : des hommes en costume trois pièces qui se lancent des flacons à la figure, le parfum comme une grenade, et Kering, de son côté, fait mine d’être outragé, digne, presque blessé, car la « petite Bretagne », c’est la rectitude d’antan. Voilà donc le monde des parfums qui, derrière les roses et les jasmins, montre son vrai visage, une jungle dans laquelle les crocs et le chéquier sont légion. Le luxe, c’est toujours la même histoire : un peu de poudre, mais surtout beaucoup de poudre aux yeux.
FM
