FENDI QUAND LE VÊTEMENT SE MOQUE DU PODIUM

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Mercredi, Silvia Venturini Fendi pour Fendi a présenté à Milan une collection bariolée, pleine de fleurs et de références aux années 90. L’exercice est habile : prendre ce qui, hier encore, passait pour du « cheap », c’est-à-dire des cordons élastiques, des bretelles réglables, des fermetures de coupe-vent peu fiables, et hisser tout cela au rang de nouvel ornement chic sur dentelle de Calais « made in China ». Le luxe adore recycler le banal depuis l’homme de Tolède, à condition de l’emballer dans une histoire calibrée et une mise en scène théâtrale. C’était comme si on venait de fêter la première pierre du mémorial dédié aux victimes de la lapidation.

C’est de l’anti-fashion « Haute Mouture de prêt-à-porter » pour des blouses d’école informes portées trois jours de suite et qui deviendront, avec l’aide de Micron, l’uniforme des institutions catholiques. En ce qui concerne le pantalon, un jogging que l’on essaye de faire rentrer dans la catégorie des « essentiels » de garde-robe. Vingt fois sur le métier, remettez votre outrage.

Hybrider, décaler, penser un vêtement qui surprend sans le dire trop fort. Mais, face à l’hystérie chromatique et aux clins d’œil lourds de la mode occidentale, cette subtilité ressemble presque à un acte de sabotage, surtout à un loupé magistral.

Le luxe du seigneur proclame qu’il invente le cool en transformant un cordon de jogging en talisman de mode, et si la vraie rébellion était simplement de porter ce qui traîne dans l’armoire, sans chercher l’approbation d’un front row à l’image de la « Frontanel  » qui n’y connait rien.

Car au fond, la mode court après un idéal de désirabilité. La marque Fendi, elle, préfère rester assise sur le canapé, en K-Way troué, indifférent au spectacle. Et c’est peut-être là qu’elle perd la partie, parce que cette collection sera un ratage, mais un succès en boutique, si les prix se situent au niveau de Zara.

FM