CANNES FILM FESTIVAL

Non classé

Temple du glamour d’hier, le Festival de Cannes est aujourd’hui devenu une vaste vitrine publicitaire où le strass tente de faire oublier l’absence de classe. Exit Liz Taylor et ses regards mystérieux derrière des lunettes noires. Bienvenue aux bimbos clonées, pom-pom girls du calvados dont certains réalisateurs vénèrent le trou normand de leur région. Perchées sur 14 centimètres de chirurgie esthétique, ces influenceuses actrices, en quête de « likes » plus que de lumière, font fuir même les palmiers qui courent se noyer vers la mer.

Le tapis rouge a le même éclat que celui d’un hall de supermarché un jour de promo, où sur son estrade Maria-Louisa P fait son show pour des aspirateurs à diamants. On y défile comme on scrolle : vite, trop vite, là où jadis, les stars s’y attardaient, jouaient de l’éventail et du mystère. Parfois, même, un sein s’échappait par mégarde d’une robe pour notre plus grand plaisir. Aujourd’hui, ça clignote, ça beugle, ça sponsorise, et chaque photographe ressemble à des gilets jaunes manifestant.

Vous me direz : et les films dans tout ça ? Ah oui, il y en a encore, paraît-il. Ils sont planqués quelque part derrière une façade en carton-plâtre où trône un panneau publicitaire de 30 mètres vantant les vertus d’un soda “glamourisé par l’audace”.  Cannes, comme une parabole, celle d’un monde dans lequel l’élégance est morte, étouffée par la quête des marques pour le buzz et leur goût infini pour l’infini légèreté de l’être. Une grande fresque où les filles de pub tapinent pour un rôle. Il reste bien une Palme d’Or, mais cela nous apprend que les huiles ne sont pas toujours de palme.

FM