ARMANI LE TESTAMENT REVIENT AU SEIGNEUR !

Non classé

L’histoire de Giorgio Armani se clôt sur une ironie mordante : l’homme qui, toute sa vie, revendiqua son indépendance, finit par livrer une part de son empire par héritage à ces mastodontes qui se nourrissent de tout ce qui brille. C’est le dernier clin d’œil cruel de la mécanique du capital : même les génies réfractaires, une fois partis, deviennent des actifs négociables. L’argent attire l’argent comme la flamme attire le papillon, et les héritages, même trempés de prestige et de sueur créative, finissent inexorablement dans les mâchoires des empires financiers.

Armani n’était pas un simple couturier, il incarnait une vision, une esthétique, un monde façonné par son goût. Mais, son testament lui-même illustre cette loi implacable : ce qui a de la valeur ne saurait rester orphelin dans un marché vorace. Les milliards, que pèse son groupe, ne pouvaient qu’être aspirés par des sphères déjà gavées, LVMH, L’Oréal, EssilorLuxottica. Je vous conseille de lire le livre « Le grand détournement  » ou « Comment les milliardaires et multinationales captent l’argent de l’État Français ! ». Ils accumulent toujours davantage, par capillarité, par concentration, par une mécanique implacable.

On nous vante souvent le mythe méritocratique, l’idée que le talent fonde les empires. La vérité est plus crue: le talent crée, certes, mais l’argent, lui, avale, recycle et grossit. L’argent appelle l’argent, c’est sa nature, c’est son instinct de prédation. Dans la mode comme ailleurs, il n’y a pas de sanctuaire : les indépendants finissent absorbés, les rebelles domestiqués, les héritages convertis en dividendes. Armani lui-même aura fini par le reconnaître, consciemment ou à contrecœur, que rien n’échappe à la loi de la gravité financière.

Et demain, les clients continueront de croire acheter une part du rêve Armani. Mais, ce rêve aura changé d’adresse : il ne flottera plus dans l’atelier d’un couturier libre, il sera comptabilisé dans le bilan d’un conglomérat aux centaines de milliards. La beauté s’évanouit, mais la comptabilité des hommes de Tolède demeure, permettant que le nom Giorgio Armani reste immortel, ainsi soit-il !

FM