CAILLEBOTE CHEZ VUITTON LA PLÈBE CHEZ LES RICHES

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La Fondation d’Art de « LV M.HASH MOUETTE AND PSY » expose deux tableaux de Gustave Caillebotte, le peintre qui peignait des types à genoux en train de récurer le parquet. Aujourd’hui, leurs descendants ne lavent plus les sols, ils les cirent au champagne. C’est beau le progrès !

Mettre un peu de peinture du XIXᵉ siècle au milieu de sacs à 3 000 dollars, cela s’appelle « un dialogue entre art et mode » dirait le Marrant, et cela donne bonne conscience. Caillebotte, lui, montrait la condition ouvrière ; Vuitton, la condition dorée de Bimbos. D’un côté, la cire, de l’autre, la toile de coton ciré et entre les deux, un petit parfum de paradoxe qui sent la black Card a plein nez.

Imaginez la scène : les « Laveurs de parquet », torses nus, muscles tendus, exposés à deux mètres d’un mannequin plat comme un ticket de caisse style limande. Autour, des clientes qui hésitent entre deux pochettes en veau grainé de coton plastique, comme une parodie de l’histoire sociale. Les types de Caillebotte suent pour vivre, ceux de Vuitton suent pour acheter.

On dit que l’art élève l’âme, mais là, avec le Seigneur, il élève surtout le panier moyen. Caillebotte, s’il voyait ça, demanderait sans aucun doute une participation sur les ventes. Ses ouvriers auraient au moins gagné une prime symbolique : un Tote Bag en édition limitée, signé « Hommage au prolétariat ». Chez Vuitton, tout est question de storytelling, même la misère devient un produit dérivé.

Mais, soyons justes, exposer Caillebotte dans une boutique Vuitton, c’est une forme d’honnêteté postmoderne. Le luxe montre enfin son vrai visage, celui qui recycle la sueur en décor, le travail en tendance, la réalité en vitrine. Les laveurs de parquet, autrefois à genoux, sont désormais encadrés. C’est ça, le capitalisme éclairé, on n’exploite plus les pauvres, on les expose, climatisation incluse. Étonnant Non !

FM