PACO RABANNE 2026
Le défilé s’ouvrit sur des silhouettes singulières, voilées de lunettes titanesques, vastes hublots rappelant moins l’élégance que les épaves d’un marché maritime. Était-ce un naufragé de la mode qui venait à nous, coiffé d’un masque de scaphandre, ou bien la maison Rabanne elle-même, errant dans les eaux troubles où s’égarent les songes du beau ?
Jadis, elle osa les armures d’airain, les draperies forgées comme des météores tombés du ciel. Aujourd’hui, elle ne nous verse plus que des colliers de verroterie, ces larmes de verre qui brillent sans éclat, et qu’on oubliera sitôt qu’elles auront scintillé.
L’esthétique flottait, indécise, entre les rebuts d’une quincaillerie et les vestiges d’un arsenal nautique, sans la vision prophétique qui, autrefois, ouvrait des horizons d’acier et d’étoiles. Certains spectateurs, indulgents, crurent y discerner l’allégorie d’une mode elle-même engloutie, luttant contre le reflux du temps. D’autres, plus sévères, n’y virent qu’une parade grotesque, un prêt-à-porter lesté de lourdeurs et d’ironie vaine.
Loin des robes de métal qui, dans les années héroïques, semblaient vêtir les femmes d’un futur encore inexploré, cette collection de 2026 s’apparente à une Saturnale du mauvais goût, où l’imagination se noie dans l’eau croupie d’un chrome vulgaire. La critique est partagée entre le rire et le soupir, dut cependant s’incliner devant un mérite : Paco Rabanne sut retenir l’attention. Mais plaire ? Pour cela, il faudra, comme le plongeur oppressé, regagner la surface et respirer enfin l’air pur, là où l’art retrouve sa grandeur et la mode, son immortelle raison d’être.
FM