L’UE APPROUVE LE MARIAGE PRADA VERSACE

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La Commission européenne a validé mardi l’acquisition de Versace par le groupe Prada pour 1,25 milliard d’euros. Mais derrière ce feu vert officiel, Bruxelles rappelle qu’elle ne baissera pas la garde face aux risques de concentration dans le secteur du luxe.

En vertu du droit européen de la concurrence, tout rapprochement de cette ampleur est scruté à la loupe pour éviter la formation de géants trop puissants capables d’imposer leurs conditions au marché. Dans ce cas précis, la Commission a estimé que Prada et Versace, bien que prestigieux, ne détenaient pas une position de marché suffisante pour menacer immédiatement la concurrence.

Mais le message est clair : l’Europe ne veut pas voir se reproduire dans la mode et le luxe les dérives déjà constatées dans la tech ou la finance, où quelques mastodontes verrouillent l’accès au marché. « La diversité créative ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la concentration », insiste un haut fonctionnaire européen.

Prada, déjà propriétaire de Miu Miu, Car Shoe et Church’s, mise sur l’intégration de Versace pour élargir son emprise. Lorenzo Bertelli, responsable RSE du groupe, a balayé toute inquiétude en déclarant que « Versace n’entre pas en concurrence directe avec les autres marques du portefeuille ». Mais du côté de Bruxelles, on sait que les discours rassurants ne suffisent pas toujours : c’est la pratique, sur le long terme, qui comptera.

La transaction intervient dans un contexte où l’Europe multiplie les rappels à l’ordre contre les abus de position dominante, qu’il s’agisse des GAFAM ou désormais des grandes maisons de luxe. Les régulateurs veulent éviter l’émergence de « super-conglomérats » capables d’étouffer l’innovation et de dicter leurs règles aux créateurs, aux distributeurs et aux consommateurs.

Versace, qui a réalisé environ 810 millions de dollars de ventes prévues pour 2024 et dispose de 227 boutiques dans le monde, représente un atout stratégique pour Prada. Mais la Commission européenne prévient : cette acquisition n’est pas un blanc-seing. Si le groupe devait, demain, abuser de sa taille pour marginaliser des concurrents plus modestes, l’arsenal européen en matière d’antitrust pourrait être déclenché.

L’opération Prada–Versace devient ainsi un test grandeur nature : l’Europe veut montrer qu’elle est prête à surveiller le luxe avec la même fermeté que la tech.

FM