BOTTEGA MURMURES DE CUIR ET FIBRES DE VERRE

Non classé

Le cuir Intrecciato (la star des it-bags Bottega), tresse immortelle qui, depuis un demi-siècle, scelle l’âme de la marque, réapparait cette année comme un symbole des profondeurs du temps. Sous les mains patientes des artisans, quatre mille heures s’écoulèrent à unir, fil après fil, ces lanières brunes de trois millimètres, semblables à des veines battant au rythme secret de la matière.

Là où l’œil croyait ne voir que le cuir, un autre mystère surgit : des éclats de fibres de verre se transfigurèrent en une robe, comme une peluche irréelle vivante, irradiante comme une lampe intérieure. De ces métamorphoses apparaissent des jupes vaporeuses, pareilles à des ailes de papillon agrandies par un songe, ondulantes et vibrantes comme une respiration d’outre-monde.

Louise Trotter, nouvelle maîtresse des songes, ne s’écarta point de la magie et des textures fécondes léguées par Matthieu Blazy, ce dernier s’en allant désormais vers les fastes de Chanel, dont il franchira les portes en octobre, au cœur de Paris.

À travers ces étoffes voluptueuses, un souffle nouveau se leva : celui de Milan, où la créatrice, avec les siens, chercha un foyer au milieu de l’été pour son nouveau poste. Ainsi, depuis les lagunes de Venise jusqu’aux collines de Vénétie, elle s’enivra des couleurs, et de l’héritage secret de Murano, où chaque transparence garde mémoire du feu originel.

Dans un décor dépouillé, les invités prirent place sur des tabourets de verre, témoins de la rigueur italienne, tandis que, suspendues dans l’air, les sculptures de cuir tressé pendaient comme des emblèmes, comme des reliques. La collection, ainsi déployée, n’était plus un simple vêtement : elle devenait récit, chronique d’une maison, mémoire d’un art transmis de main en main.

Et parmi les figures invoquées, surgit Lauren Hutton, vestale moderne, portant encore la pochette qu’elle révéla jadis dans American Gigolo. Ce film dans lequel Giorgio Armani sut habiller Richard Gere d’un style éclatant. Ainsi se répondent les époques : ce qui fut lumière au grand écran renaît aujourd’hui dans les plis du cuir tressé, mémoire vivante d’un art voué à traverser les siècles.

FM