MINI BIMBO ET SON POISSON
Mini Bimbo, le port de tête altier, devenue chatte de terrasse avec les semaines, portait dans ses prunelles l’éclat des songes tendres. Chaque frôlement de sa moustache semblait caresser l’air d’une promesse de douceur. Un matin, au détour d’un rayon de lumière qui glissait sur le patio comme une soie dorée, elle fit face à un « poisson ».
Il gisait là, inoffensif, simple jouet de pacotille, un poisson factice aux reflets argentés. Mais, pour Mini Bimbo, l’instant s’auréolait d’un héroïsme secret. Avec la témérité du Chevalier Bayard, sans peur et sans reproche, elle bondit, effleurant la proie chimérique de sa patte gantée de velours noir et blanc.
Le duel fut d’une intensité délicieuse : non point une lutte à mort, mais plutôt comme une danse, une sorte de joute d’élégance. Chaque mouvement résonnait comme une illumination des papilles de Colette, une ivresse légère que seule une âme fine peut savourer.
Puis, lasse et satisfaite, Mini Bimbo s’étendit près de sa conquête immobile. Elle ferma les yeux, et l’univers entier sembla se résumer au battement régulier de son souffle, au doux repos d’une victorieuse qui n’avait conquis qu’un mirage… mais avec tant de grâce que le monde en paraissait transformé.
FM