MARGIELA HAUTE COUTURE COMPOST FAÇON MAD MAX

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Faire un défilé après John Galliano, c’est un peu comme passer au karaoké après Freddie Mercury. Autant dire que Glenn Martens n’avait pas hérité du créneau le plus tranquille. Mais, comme dirait Renzo, ce patron philosophe en perfecto : « On bosse tous comme des tarés ». Ça rassure.

Martens a donc fait ses débuts chez Margiela mercredi soir, en mode spéléo gothico-délabré. Nous prenons la direction du Centquatre, cette salle immense du 19ᵉ arrondissement sur le site de l’ancien service municipal des pompes funèbres ; tout un programme pour un enterrement de première. En fait, c’est là que Margiela « himself » a tiré sa révérence en 2009 sous une pluie de confettis dorés, glam jusqu’au bout des doigts… invisible, comme son visage.

Mais, pour un enterrement, c’était plutôt une exhumation, car fidèle à l’héritage, Glenn a recyclé les masques, sauf que là, on est passé du mystère « arty » au film d’horreur low cost, mais très très haute couture. Les mannequins débarquent le visage compressé dans du plastique transparent avec une mention spéciale aux casques en métal façon grille-pain inversé en or pour une ambiance bondage steampunk. Moi, j’adore.

Côté fringues, c’est Trenchs en plastique type peinture florale en cuir embossée flamand du XVIIe siècle digne d’un rideau de douche IKEA revisité, une robe en mousseline jaune fluo, une toile de maître laissée haute couture, et robes surmontées de bijoux qui traînaient sûrement dans une brocante de Bruges. Ce chaos est hyper contrôlé : derrière chaque couture rafistolée se cache un concept profond. Glenn Martens s’inspire des natures mortes du 17e siècle, excepté qu’ici, les oiseaux morts ont l’air de vouloir s’échapper du tulle en 3D. L’angoisse est totale, mais c’est la haute couture donc la prestation est à applaudir.

Le moment WTF du show ? Une robe mordorée qui rappelle la pochette glauque de « Dead Can Dance » en 1987. Sauf que là, au lieu d’une statue triste, c’est un mannequin qui tente de respirer sous trois kilos de satin duchesse tout droit sorti du dressing de Cardi B, en pleine compétition « d’extraterrestre glam »

En résumé : Glenn Martens n’a pas fait simple, mais il n’a surtout pas fait comme les autres en utilisant les matériaux et les pliant à ses désirs. Il fait une expérimentation textile avec beaucoup de créativité, c’est du génie à la Sorbier, mais en version moderne. Margiela et Glenn, c’est un peu le musée des « Modeurs fashion » qu’on adore visiter pour faire croire que l’on est Hype, mais là, on est quand même bluffé par les matières.

FM